Mercredi passé, jour de pluie. Que faire avec un ado en vacances (en plaine et pas au ski) ?
Tiens, c'est parti pour Lausanne. Bonne idée. Nous allons faire un saut (et je ne crois pas si bien dire) au Musée de l'Elysée pour voir une expo pleine de peps et de fantaisie : " Etonnez-moi ".
Cette magnifique rétrospective met en lumière l'extraordinaire carrière et les multiples facettes du travail du photographe Philippe Halsman. Petit topo : né en Lettonie en 1906, il s'installera d'abord à Paris dans les années 30, puis à New-York en 1940, où il s'éteindra le 25 juin 1979.
Grand portraitiste avant tout, il excella aussi dans ses travaux personnels, publicitaires et éditoriaux. Maître du storytelling, c'était un homme à l'imagination débordante, en témoignent ses collaborations avec Hitchcock, Dali, Fernandel et bien d'autres.
Beaucoup de ses portraits sont devenus iconiques. Albert Einstein, Marilyn Monroe, Winston Churchill, Audrey Hepburn, pour n'en citer que quelques-uns. Il fit le plus grand nombre de couvertures pour le magazine Life : 101 !
"Je fais beaucoup de portraits et je les prends très au sérieux. Avec vérité et sans artifices je tâche de saisir l'essence même de mon sujet. L'idéal serait de créer une image qui entrerait dans l'histoire de façon que si la postérité se rappelle un grand homme elle le verrait dans une image créée par mon appareil et ma vision ", disait-il...
Il avait une vision du portrait dit " psychologique ". Son approche directe avec ses modèles était aussi l'un de ses atouts. Ses séries avec Marilyn Monroe prises entre 1949 et 1959 illustrent une réelle complicité entre le photographe et son modèle. Ce sont des images fortes, naturelles et touchantes.
L'autre particularité, c'était que pour lui, la photographie était un mode d'expression à explorer :
" La photographie est la forme d'art la plus récente. Toutes tentatives d'élargir ses frontières sont importantes et doivent être encouragées "
Et
" Pour mon travail sérieux, je m'efforce d'atteindre l'essence même des choses et des objectifs qui sont peut-être impossibles à réaliser. D'un autre côté, je suis très attiré par toute forme d'humour, et cet aspect puéril de mon caractère m'amène à toutes sortes de comportements frivoles ".
C'est cette deuxième part de sa personnalité qui m'a le plus fascinée. D'où des oeuvres drôles, décalées, originales, totalement délirantes ou fantaisistes. Il s'en est donné à coeur joie avec Dali, rencontré en 1941. On sent bien qu'il totalement attiré par le courant surréaliste que j'adore également (Magritte est l'un de mes peintres préférés).
Coup de génie. Au début des années 50, il inventa la Jumpology : " Lorsque vous demandez à une personne de sauter, son attention se cristallise dans l'acte de sauter, et le masque tombe, de sorte que la personnalité réelle apparaît ".
On a testé avec mon fils, dans un studio aménagé au sous-sol de l'expo, et franchement, ce n'est pas évident. Dire que Marilyn Monroe a sauté 300 fois dans la même journée avant d'avoir la bonne prise. Epuisant, je vous le dit. Pour la petite histoire, lorsque j'étais mannequin, il y a fort longtemps, j'avais sauté devant l'objectif d'un photographe. Hihi, un classique, donc.
Bref, la créativité halsmanienne est immense et incessante.
Alors, petit conseil de Miss Carole, sautez sur l'occasion d'aller voir cette expo dès que vous pourrez, avant qu'elle ne se déplace prochainement à Paris, à la Galerie du Jeu de Paume.
Et petit avant-goût oblige, voici quelques morceaux choisis.
Conquise je suis ! Et vous ?
" The Frenchman " de Philippe Halsman. Le principe : une question et une réponse en image avec le génial et expressif Fernandel. J'adooore !