Le design. J'ai toujours eu un très fort penchant pour le mobilier et les objets design qui distillent toutes sortes d'émotions subtiles dans notre quotidien.
Ils peuvent être tout simplement fonctionnels, mais aussi plein de fantaisie, d'inventivité, d'humour, de poésie, de rêve ou d'élégance.
Tant de créations sont dans la mémoire collective, comme le divan LC2 de Le Corbusier (1928), les assiettes de Piero Fornasetti (1951), la lampe Pipistrello de Gae Aulenti (1966), le presse agrumes Juicy Salif de Starck pour Alessi (1990), la bibliothèque Bookworm de Ron Arad pour Kartell (1993), le fauteuil Louis Ghost de Philippe Starck pour Kartell (2002), la bouilloire Oisillon de Michael Graves pour Alessi (2004)... et j'en passe.
Philippe Starck justement.
L'homme et son œuvre sont fascinants.
Son dernier livre, " Impression d'ailleurs ", un recueil d'entretiens coécrit avec le rédacteur Gilles Vanderpooten, explore des sujets aussi variés que l'amour, le travail, l'art, la création, l'écologie ou la politique.
On comprend alors mieux la personnalité complexe et attachante de ce designer à la productivité hallucinante, boulimique de travail, parfois trublion.
Voici deux passages que j'aime beaucoup et qui définissent bien, selon moi, l'esprit créatif/créateur génial de Starck :
Mon grand jeu a été de mettre au point des jeux de piste, des rébus, pour des gens sensibles et un peu ouverts. Tous ces objets ont à la fois une dimension économique - " c'est pas cher ; c'est pratique ; tiens, c'est confortable et en plus ça s'empile " -, amusante - " c'est rigolo, même le nom est rigolo " -, et culturelle - " tiens, ce jeu sur un lieu commun, le mélange de tous les Louis ; tiens, mais en faisant des chaises transparentes on parle de l'invisibilité, c'est l'une des étapes de la dématérialisation ", etc. On s'aperçoit qu'un produit tout bête au premier abord peut se révéler, après observation, porteur de bien plus de sens.
Je fais des choses que je tente de rendre plus riches de possibilités, d'éveils, de signes, de ce que j'appelle des " surprises fertiles ". A charge à chacun de les déchiffrer ou pas.