Le Mudac est un merveilleux petit (mais costaud) musée dédié au design et aux art appliqués contemporains, niché dans les hauteurs de Lausanne à côté de la cathédrale.
J’adore y aller. Non seulement l'une de mes amies y officie depuis de nombreuses années en tant que conservatrice de la collection verre, mais aussi les expositions présentées sont toujours belles, originales et intéressantes.
« Packaging », « Nature en kit », « Playmobil Fab. », entre autres, étaient tous trois des sujets passionnants.
Mercredi passé, je suis allée découvrir « Coup de sac ! » (du 19 juin au 6 octobre 2013), une réflexion tant artistique que sociologique et écologique sur le sac en plastique (l'expo a été créée au Gewerbemuseum de Winterthur, puis adaptée et complétée pour le Mudac).
Cette invention, qui ne date que de 50 ans, rentre ainsi au musée. Car il y a beaucoup de choses à dire sur cet objet de notre quotidien si banal en apparence, si pratique, souvent même si joliment designé.
En effet, à la fois ange et démon, le sac plastique se trouve être aussi un véritable fléau pour l’homme et son environnement. Sa composition toxique (le pétrole, il y a pourtant des alternatives comme la pomme de terre ou le maïs, mais c’est plus cher) et sa très lente dégradation (entre un et quatre siècles) sont problématiques. Qui n’a pas entendu parler du sixième continent, un gigantesque amas de fragments de matières plastiques qui tournoie sans fin au milieu de l'océan Pacifique.
Il est malheureusement également l’instrument de certaines violences (tortures ou dérives sexuelles) de par le monde.
Mais revisité par des artistes et des designers, un simple petit sac en plastique (ou même poubelle) prend alors une toute autre dimension.
Voici quelques images que j’ai prises durant ma visite. Certaines œuvres ou installations m’ont plu, touchée, interpellée, d'autres dérangée.
En tout cas, j'espère que cela vous donnera envie d'aller y faire un tour, de découvrir aussi à cette occasion les différentes collections du musée... et d'utiliser à l'avenir les sacs en plastique avec parcimonie, si ce n'est pas déjà fait !
"ID(E)A", Ida-Marie Coell, 2007 (installation et performance, sac en plastique Ikéa, dimensions variables). Le saviez-vous, chaque sac est signé de la main de l'ouvrière ? On passe ainsi d'un produit de masse à un produit unique...
Unfortunately true !
1ère photo : "Taxidermy, Trashbag" (tête d'animal empaillé, sac en plastique) de MyeongBeom Kim ; "Bag" (C-print) de Hendrik Kerstens, 2007. 2ème photo : "Handle with Care" (sérigraphie sur toile) de Lukas Julius Keijser, 2011 ; "Eighty-eight # 2" (installation, film plastique, bois, aluminium, sacs en plastique, composants électroniques) de Nils Völker, 2013. Les sacs se gonflaient à intervalles réguliers. Etonnant et fascinant, comme un grand coeur qui bat. 3ème photo : "Art Basel/Miami Beach" (huile sur toile) de Marie-Claire Baldenweg, 2012 ; "Mann (liegend, mit...") (silicone, sac plastique...) de Gregor Schneider, 2004. Là, je me suis faite avoir. Je regardais les toiles et j'ai heurté le corps en reculant... Quelle trouille ! J'ai vraiment cru qu'il y avait un macabé par terre...
"Marx" (sac plastique doré à la feuille d'or 24 carats) de Baptiste Debombourg et David Marin, 2013.